Imprégnée de littérature grecque, j’ai très vite perçu que comédie et tragédie n’étaient que deux faces d’une même entité : rire pour ne pas pleurer face à la folie de l’homme et à l’absurdité de la condition humaine.
Sculpter est vite devenu pour moi un langage, une forme de représentation de la Vie, dont larmes ou rires, fractures acérées ou rondeurs apaisantes tracent une voie émotionnelle et quasi viscérale. Mes pièces sont ainsi comme une empreinte laissée par ce combat entre joie et plaisir d’une part, tristesse et douleur d’autre part. Ce sont mes Solaires et mes Lunaires. J’aime aussi installer des passerelles entre les civilisations passées et notre monde contemporain ; ce sont mes Intemporelles.
Pour traduire ces paradoxes qui m’habitent et les dépasser, j’aime jouer avec les contrastes, mélangeant grand et petit, lisse et rugueux, mat et brillant, terre et fer … J’ai, par ailleurs, sans cesse besoin d’élargir ma pratique de la terre en utilisant différentes textures, techniques ou cuissons (basse ou haute température, enfumage, raku, cuissons bois ou grès). J’utilise selon mes terres, blanches, roses ou noires, des engobes, parfois de porcelaine ou différents émaux que j’aime superposer.
Au bout du compte, je retrouve celle que je suis, souriant de l’être humain dans ce qu’il a d’universel, les larmes ne devenant fécondes que si je les confronte aux petits bonheurs de la Vie.